Le film « Ridicule » de Patrice Leconte, diffusé sur Arte le dimanche 17 septembre, a plongé les téléspectateurs dans l’univers de la joute verbale du XVIIIᵉ siècle. Cette pratique consistait à se faire remarquer et à gravir les échelons en utilisant des répliques percutantes pour obtenir un entretien avec le roi.
Le personnage principal, le baron Grégoire Ponceludon de Malavoy, en quête de reconnaissance, trouve un allié en la personne du marquis de Bellegarde. Ce dernier répertorie dans un carnet les différentes figures de style afin de ridiculiser leurs ennemis. En effet, à cette époque, l’humour était considéré comme l’apanage des Anglais et n’était pas encore répandu dans les salons français.
Contrairement aux duels conventionnels qui se faisaient à l’épée, les duels verbaux se déroulaient exclusivement avec des mots. En effet, depuis 1626, le duel était interdit par Richelieu. Les personnages de ce film utilisaient l’art du persiflage, une technique consistant à ridiculiser leurs adversaires à travers des railleries et des sarcasmes dissimulés derrière des louanges et des amabilités.
Pour parvenir à ridiculiser leurs ennemis, les protagonistes avaient recours à l’équivoque, en utilisant des mots à double sens, à la saillie drolatique en prononçant des formules inattendues et amusantes, à l’allusion piquante en disant des choses blessantes en référence à autre chose, et enfin au paradoxe, en énonçant des idées contraires à l’opinion commune. Cependant, le calembour, considéré comme une faute de français et de mauvais goût, était à éviter.
Dans ce film, de nombreux tours d’esprit sont dévoilés, dont l’un des plus élégants et méchants prononcés par l’abbé de Villecourt : « Ne décriez pas les ennuyeux, Madame, c’est la plaine qui donne son relief à la montagne. » Cette réplique illustre parfaitement l’art du persiflage propre à cette époque.
Grâce à « Ridicule », le public a pu plonger dans l’univers de la joute verbale du XVIIIᵉ siècle et découvrir cette pratique singulière et satirique qui régnait dans les salons français. Ce film rappelle également l’importance de l’humour dans la société et souligne le talent des improvisateurs de l’époque. Une véritable leçon d’histoire et d’élégance qui a su captiver les téléspectateurs.
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